Discours de la présidente Francine Bellour
Nous sommes à l'heure du bilan de notre Section pour l'année 2019 qui fut riche en actions, interventions, formations... L'année dernière je vous disais : "La renaissance d’une idéologie de mépris de la personne humaine, de négation de l'égalité fondamentale entre les êtres humains, la promotion de l'existence des races, d'une hiérarchie raciale est mortifère."
J'aurais aimé vous dire qu'il s'agissait d'un discours du passé et que fort heureusement il en était tout autrement aujourd'hui mais hélas...
Les tensions et les haines augmentent. On ne se contente plus de verbaliser ces haines, ces rejets, on passe à l'acte, on tue, oui, on tue... on retire la vie sans retenue AUCUNE à celles et ceux qui sont juifs, arabes, blancs, noirs, policiers, différents, tout simplement...
Qu'avons-nous en filigrane de cette violence ? Une quête d'identité, d'unicité, un mode de pensée et de fonctionnement unique ? Je ne possède pas la réponse cependant il me semble important de proposer une réflexion sur ce mal être, sur cette appétence identitaire. Delphine Horvilleur nous donnera un éclairage suffisant, tout à l'heure pour nous permettre d'avancer sur ce sujet.
Car au fond, il n'y a aucun mal à défendre l'âme d'un territoire, celui là même qui est attaché à ses racines, à condition qu'il reste ouvert sur le monde, à condition que l'authenticité et la tradition ne constituent pas des valeurs excluant celles de l'Autre. Il me semble important de cultiver la mémoire de nos racines sans lesquelles nous risquerions de devenir "des voyageurs sans bagages" incapables d'assumer le présent ni de préparer l'avenir. Où sont mes pieds, mes ancrages anciens ou nouveaux sont là où seront mes racines physiques et mes bases. Aucun Homme ne peut vivre sans elles, sans cet enracinement l’Homme n'est rien.
La richesse de cette identité là est celle de l’universalisme, de l’apport des cultures et des différences, ce n’est pas parce qu’on adhère à une nation que le culturalisme de chacun doit être nié. Au contraire en restant fier des apports multiples, en sachant les reconnaître et les valoriser.
Partout les peuples ont des sentiments d’appartenance, c’est la valeur refuge de chacun, l’individu s’y réfère mais veut aussi s’en démarquer, trouver et affirmer sa différence. L’identité c’est aussi le rassemblement volontaire d’Hommes autour de valeurs universelles.
La Démocratie, la liberté individuelle et collective, le libre choix de ses croyances, la laïcité, ses choix de vie, l’égalité, la fraternité, la solidarité, ces valeurs auxquels nous attachons tant d’importance sont justement celles pour lesquelles nombre d’hommes et de femmes sont venus en France, pour cette nation pays des Droits de l’Homme et défenseurs des diversités dans l’union.
Par conséquent, on ne peut accepter les dérives extrémistes et on doit combattre sans relâche, celles et ceux qui prônent sous prétexte d'identité, l'exclusion de l'Autre, ceux-là même qui mettent en danger la République et toutes les valeurs qu'elle représente, ceux-là même qui balaient d'un tir de Kalachnikov tout ce qui leur est étranger, ceux-là même qui s'invente un idéal de vie en brandissant le fanion de la haine et du repli identitaire !
Voici le combat quotidien de la LICRA, voici sa feuille de route : défendre les valeurs de la République, promouvoir l'universalisme. Nous ne sommes pas prêts de signer l'armistice de cette guerre pernicieuse mais gardons en mémoire que ce sont les petites victoires qui font que nous deviendrons des vainqueurs.